La crise de 2007 qui a signé l’échec de l’autorégulation du marché est derrière nous, mais une autre crise d’une ampleur au moins similaire se profile. Pourtant nous n’avons rien fait pour reconnecter la finance à notre économie réelle, tout comme si les conséquences de cette économie virtuelle n’étaient pas déjà assez destructrices pour notre société et nos concitoyens.
Marchandisation de l’éducation, des services publics, de notre patrimoine, voire d’un paquet global dans des accords de libre-échange, autant de réalités qui coupent l’économie de l’intérêt général. A vouloir « faire de l’argent » à chaque interstice d’échange entre les hommes, l’économie marchande s’est supplée aux objectifs de mieux vivre, et de mieux vivre ensemble.
Cette doctrine est aujourd’hui intégrée à chaque échelle de nos sociétés jusqu’à l’individu qui préfère étudier les « failles » des lois nationales pour faire de l’évasion fiscale, plutôt que de participer à la construction des politiques publiques dont il bénéficie.
Alors que 8,8 millions de Français vivent sous le seuil de pauvreté, la déconnexion des puissants par rapport aux difficultés de ce monde apparaissent intolérables. Il est temps d’ancrer de nouveau notre économie dans le réel, en faisant contribuer chacun – entreprise ou contribuable – à son juste niveau, où qu’il se trouve. La question démocratique est, là encore, essentielle. La rigueur prônée par la Troïka européenne ne peut perdurer au risque de voir les plus fragiles suffoquer par l’austérité. Enfin, une société plus juste est envisageable avec une économie davantage tournée vers l’intérêt général et valorisant des modes d’organisation alternatifs fondés sur les valeurs d’autonomie, de solidarité et de bien commun.